Au crépuscule de sa vie, Henri Chaumont, qui a toujours su dissimuler un appétit pour les personnes de son sexe, considère tristement qu'il n'a pas assez vécu: «J'étais un jeune homme plein d'avenir, je suis un homme sans passé; on se gaspille.» De toutes les mondanités où ce célibataire se disperse dans un Bruxelles intemporel - serait-ce aujourd'hui ou était-ce hier? -, il est au moins une amitié, féminine, qui a résisté au temps, celle qui le liait à Emilienne Balthus. Au début du récit, Emilienne meurt. Elle laisse des carnets qu'Henri découvre et lit, voyageant mentalement au hasard de ses propres regrets. Ainsi se souvient-il aussi du suicide d'un adolescent qui pensait l'aimer sans espoir de retour...
Un conte cruel, elliptique, élégamment immoral, où l'on se drape de gaieté à chaque deuil, une histoire brève et sans illusions comme Jacqueline Harpman sait si bien les raconter.
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