Moon a choisi la rue parce qu’elle a décidé d’être « elle-même dans ce monde où les gens sont devenus des autres ». Elle ne fait pas la manche, elle vend des sourires, et observe avec malice le manège des gens pressés.
« Je dis : Avec cinquante centimes d'euros, qu'est-ce qu'on achète à notre époque ? J'insiste, il accélère, petite pirouette : Non sans déc’, à ce prix, franchement, tu trouves des trucs intéressants à acheter ? Le type finit par s'arrêter, il se demande où je veux en venir, et c'est là que je sors le grand jeu, tutti et compagnie, je dis : Un sourire à ce prix-là, c’est pas cher payé ! Et j'attends pas qu'il accepte, je lui refourgue un petit sourire façon majorette à dentelles, épaules en arrière et tête haute. Le type soupire, il pense qu'il se fait avoir. Il n'a que dix centimes mais je lui fais quand même le sourire en entier. Je suis pas une radine. »
Autour d’elle, il y a Michou et Suzie avec leur Caddie, Boule, son crâne rasé et sa boule de billard à dégainer en cas de baston, les kepons migrateurs avec leurs crêtes de toutes les couleurs, et surtout, il y a Fidji et ses projets sur Paname. Pour lui, elle a décidé d’écrire un roman, un vrai.
Et il y a Slam qui sort de prison, Slam qui aime les mots de Moon et a une certitude : un jour, elle décrochera la lune…
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