« La poésie est la vie elle-même, écrit Antonio Gamoneda. La poésie de Claudio (et celle de tous les vrais poètes, qui ne sont pas si nombreux) équivaut, de façon virtuelle mais avec une intensité réelle, à un être vivant. »
L'oeuvre de Claudio Rodríguez est aussi mince qu'incandescente. Cinq recueils : Don de l'ébriété (1953), Conjuratiom (1958), Alliance et condamnation (1965), Le vol de la célébration (1976), Presque une légende (1991). L'amour passionné des grandes étendues de Castille et peu de goût pour le monde des lettres : « Mes tavernes, les gens du quartier, le marché, aime-t-il à dire. Je n'ai jamais eu de vie littéraire. » II n'empêche. Son oeuvre reçoit les plus hautes distinctions : Prix National de Poésie (1983) et Prix Reina Sofia (1994). Lorsqu'il meurt, en juillet 1999, les poètes espagnols se retrouvent dès le lendemain dans la presse pour un unanime hommage. « Vais-je vivre ? interrogeaient les derniers vers de Don de la ebriedad. L'ébriété si vite / finit-elle ? Ah... et comme maintenant / je vois les arbres, qu'il reste peu de jours... »
Claudio n'a que 17 ans lorsqu'il compose son chef-d'oeuvre. Don de l'ébriété : « J'ai écrit presque tout le livre en marchant. Je le savais par coeur et je me le répétais, en corrigeant, en modifiant, pendant que je marchais à travers champs. » C'est un cantique mystérieux que fait entendre ce vaste poème, dans l'Espagne noire du franquisme. Une écriture d'extase qui ne se peut comparer qu'aux Illuminations ou aux Élégies de Duino : « Ces poèmes ont été composés dans une totale absence de connaissance... Des choses qui me faisaient signe, qui m'accompagnaient, m'illuminaient et m'aveuglaient... »
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