La doctrine de la science (WL) de 1812 est constituée d'une série de leçons que Fichte donna entre le 6 janvier et le 20 mars 1812 à l'Université de Berlin. Cette WL est décisive parce que, d'une part, elle est, de la quinzaine de versions différentes que Fichte professa de la doctrine de la science entre 1794 et 1814, la dernière à être entièrement achevée (l'exposé de 1813 est interrompu par la guerre ; celui de 1814, par la mort) ; parce que, d'autre part, elle présente l'avantage d'être totalement authentifiée par la main de l'auteur, alors que pour certaines doctrines, telle la WL de 1804 - deuxième version - ou la Nova methodo, il ne nous reste que des cahiers d'étudiants ; parce que, enfin, cette WL est considérée par Fichte lui-même comme la plus claire et la plus synthétique de toutes.
Ultime témoignage achevé de ce que fut l'intense activité d'exposition de la doctrine de la science, ce texte capital récapitule non seulement ce qu'on a l'habitude d'appeler la « dernière philosophie », mais aussi l'ensemble du parcours du penseur, puisqu'elle incarne, aux yeux de Fichte lui-même, l'apogée du point de vue transcendantal. C'est à travers un dialogue patient et critique avec trois philosophes - Spinoza, Schelling et Kant - que Fichte réaffirme ici la valeur de ce point de vue. Les concepts nodaux de ces auteurs (Dieu pour Spinoza, la nature pour Schelling, le schème pour Kant) sont travaillés, remodelés, transfigurés pour devenir conformes à la position épistémique induite par une philosophie transcendantale entièrement réinterprétée. Par ce suprême entretien avec Spinoza, Fichte montre comment le dire de l'être doit, pour être consistant, se faire « doctrine de l'apparition » (Erscheinungslehre), l'ontologie devenir une « phénoménologie » (Phänomenologie).
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