Les poèmes de Ko Un sont de courts récits coréens - parfois ramassés
comme des épitaphes, et qui font songer au beau cimetière de Lee Rivers.
Ce sont des tableaux coréens, ou plutôt, puisque ce sont des écrits, ils
sont pareils à des ekphrasis qui nous montrent, gravées dans le poème, mille
et mille vies.
Dix mille vies... Il n'y manque que celle de Ko Un ? Mais elle y est : non
seulement dans les réponses que son interlocuteur lui fait donner à la
fin de ce livre, mais la voilà diffractée, multipliée, dans les mille portraits
qui sont comme des autoportraits. Par exemple ceux de Oh Yoon, «graveur
populaire chef de file du mouvement d'art populaire coréen des années 80»,
ou celle de Kang Man-Gil, «historien de gauche qui milite pour la
réparation du passé [...]»... À l'appel de ces noms inconnus de nous, des
paysages et des faits étrangers perdent leur étrangeté - les choses de la vie,
de la lutte, de la mort, ne sont pas exotiques.
Que Ko Un me permette d'évoquer, pour un lecteur privé ici de sa
«photo», sa mince silhouette athlétique, la jeunesse de son allure,
l'énergie de son rire, l'intensité de son expressivité pareille à une vie
phréatique qui gagne le dehors à sa cause.
M. D.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.