Notre survie était provisoire. Notre extermination était planifiée, programmée. Nous avions la certitude d'être des témoins gênants (Henri Borlant).
Le témoin est celui qui sait pour avoir vu. Henri Borlant a fait de son regard, non pas un métier, mais une activité dont l'essence fut la promesse faite à ceux qui ne sont pas revenus : Tu leur diras. Henri Borlant est un homme de parole. Il tient parole.
Mais comment dire ? Avec quels mots ? des mots qu'il faut savoir adapter à des auditoires différents.
Les mots d'Henri Borlant renferment des vies.
Témoigner c'est enquêter sur les mots.
Evoquer la Shoah c'est d'abord renoncer aux synonymes.
Ce corps à corps avec le langage épuise, construit parfois l'insatisfaction de ne pas avoir été à la hauteur de ses promesses. Témoigner c'est encore accepter son impuissance à bâtir, comme le dit Henri Borlant, le récit exact des faits. Mais témoigner c'est aussi faire confiance à celui qui vous écoute et qui saura, dans les silences, les hésitations, les attitudes du témoin, y mettre ses propres mots.
Auschwitz n'a pas englouti la parole, car l'interrogation sur le « comment dire », quatre-vingts ans plus tard, témoigne à son tour de notre condamnation à comprendre ce que fut cet improbable mais réel ailleurs : Auschwitz-Birkenau.
Le terme génocide, la notion juridique de crime contre l'humanité dit, à son tour, la capacité de l'homme à créer un langage au plus près de ce que fut l'indicible.
Les mots portent en eux la puissance de la vérité.
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