Il y a près de quarante ans, dans le cadre de son doctorat de sociologie, Michel Peroni engageait une enquête dans son propre entourage familial auprès d’émigrés italiens originaires du même petit village et de ses environs. Placée sous les auspices de la microsociologie goffmanienne et de l’ethnométhodologie, à travers une analyse des modalités de mise en récit de leur expérience migratoire, ainsi qu’un suivi ethnographique de leurs retours estivaux au village d’origine, l’enquête interrogeait la subsistance de leur attachement «au pays»; une enquête qui semblait alors ne pouvoir gagner quelques lettres de noblesse académique qu’en occultant à quel point le jeune enquêteur était lui-même empêtré dans son objet... C’est lors de ces périodes de retour au village, là où sa grand-mère avait quant à elle décidé quelques années auparavant de revenir définitivement pour y finir ses jours, que Michel Peroni – dans les temps morts de son enquête et saisi par l’intensité si particulière de sa présence au lieu – avait entrepris de la photographier sous toutes les coutures, lui qui n’était en rien photographe. Diptyque est la rencontre improbable et tardive de deux textes participant de régimes d’écriture et plus encore de production parfaitement hétérogènes, qui reviennent chacun séparément et chacun dans son registre propre sur ce qui fut accompli alors.
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