Alors que la musique de Chostakovitch semblait devoir rester largement prisonnière des normes esthétiques du réalisme socialiste, elle domine aujourd’hui la vie musicale du monde entier. Quel est ce mystérieux pouvoir de la musique de survivre ainsi aux idéologies et aux contextes sociaux qui l’ont dominée de leurs conventions et de leurs contraintes ? Soumise durant des siècles aux rigueurs du christianisme, la musique religieuse continue à être exécutée et souvent bien plus fréquemment (que l’on songe aux Passions de Bach) en dehors des raisons cultuelles et dévotionnelles de ses origines. Chostakovitch a vécu longtemps dans cette dualité des promesses de l’idéologie dominante qu’il faut célébrer et des évidences que l’on doit taire. De là ce double langage, avec sa part d’ironie, d’allusions, de secrets mêmes. Son interprétation n’est donc pas sans aléas et elle a alimenté de vifs débats. Frans Lemaire en propose ici une synthèse biographique basée essentiellement sur les
témoignages qui s’imposent avec évidence, au départ de la musique et des textes.
Ingénieur civil (UCL), gradué de Harvard, Frans Lemaire a mené parallèlement une carrière industrielle et l’écriture de nombreux articles et essais, ainsi que de plusieurs ouvrages aux Éditions Fayard, notamment sur la musique russe du XXe siècle.
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