Deux mille cinq cents personnes habitaient Dieulefit, un village parmi d’autres en Drôme provençale. Quand la guerre éclata. A l’école de Beauvallon, les directrices accueillirent aussitôt les enfants juifs. Et leurs parents, bientôt. A la mairie, une employée d’une vingtaine d’années commença à fabriquer des faux-papiers. D’autres réfugiés arrivèrent, des anonymes, mais des peintres, des poètes, des artistes et des philosophes encore. Et d’autres maisons s’ouvrirent. A l’école, les enfants se serrèrent un peu plus sur les bancs, et la secrétaire de mairie devint une faussaire patentée. La population grimpa jusqu’à cinq mille personnes. Le bourg accueillait ainsi autant de pourchassés qu’il comptait de natifs. Pas un seul ne sera arrêté. Nul ne sera dénoncé. Pendant les quatre années les plus sombres de notre histoire, ce petit village devint la « capitale intellectuelle de la France », disait Pierre Vidal-Naquet qui s’y réfugia, enfant. Dieulefit sut désobéir, dire non aux lois iniques. Dieulefit, ou le miracle du silence…
Anne Vallaeys a recueilli les témoignages des enfants d’alors, à Dieulefit elle a rencontré des hommes et des femmes aussi résolus qu’hier, elle a consulté les archives. Son talent d’écrivain a fait le reste. Elle a reconstitué cette aventure collective aussi extraordinaire que méconnue, pas
d’héroïsme, non, mais une manière d’être. Les Dieulefitois préfèrent
parler d’humanité, tout simplement.
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