CENTRE D'ÉTUDES SUPÉRIEURES DE CIVILISATION MÉDIÉVALE
La littérature en langue d'oïl ne possède sans doute pas une oeuvre de synthèse à la fois philosophique, esthétique et poétique telle que la Comédie de Dante. La discontinuité poétique des genres peut, en outre, alimenter le sentiment d'une opposition esthétique entre poésie religieuse et littérature profane. Mais, il est indéniable que l'horizon dans lequel oeuvre le poète médiéval est celui de, la Révélation chrétienne. Cette coexistence a ses règles et son esthétique, ses chefs-d'oeuvre aussi. La Vie des Pères est un des exemples les plus achevés de cette nouvelle poétique évangélique.
Les contes de la première Vie révèlent le visage d'un poète théologien, « capable de faire jouer le suspens de l'aventure du salut avec autant d'art que d'autres celui de l'aventure chevaleresque ». Écrits soixante-dix ans avant la Divine Comédie, ces récits ne sont pas sans rivaliser avec quelques-uns parmi les plus beaux passages du poème italien. Ils montrent aussi comment le poète sait se tourner vers la tradition, celle de la lettre écrite et celle du folklore, pour féconder avec ces récits son discours, et jeter ainsi un pont entre une symbolique intemporelle et l'allégorie chrétienne.
À travers l'étude de quelques-uns de ces stéréotypes narratifs, de leurs variantes thématiques, de leur spécificité linguistique, de leur structure narrative, de leur circulation pré et post-médiévale, ces études essayent de montrer comment leur traitement et leur articulation dépendent des contraintes épistémologiques. Comment, aussi, ils sont, selon les esthétiques, régis par une rhétorique de la transmission orale ou par une poétique de la lettre écrite. Comment, enfin, sous la plume de ce poète, ces motifs narratifs se transforment en un évangile romanesque de la vérité : celle immuable de la parole divine et celle mouvante et émouvante de son anonyme truchement poétique.
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