Dans nos contrées, Dieu est au singulier, absolu. Les
dieux grecs et romains sont l'objet d'une curiosité nostalgique
mais pour un tiers de l'humanité, les dieux sont bien
vivants. En Inde, trois cents millions de dieux et de déesses
forniquent et combattent avec une joyeuse frénésie ; en
Afrique, génies, djinns, vodouns enracinent les humains
à leur sol ; en Chine, un héros bâtisseur boite pour avoir
sacrifié la moitié de son corps au fleuve Jaune... Je les aime
depuis mon enfance et j'ai choisi celles et ceux que je préférais
dans les cinq continents. J'aime les dieux parce qu'ils
sont novateurs : ils pratiquent les procréations assistées, le
changement de genre, le devenir animal. À regarder de près
notre Dieu singulier, qu'il s'appelle Adonaï, Jésus ou Allah,
les dieux soi-disant morts lui ont inoculé un peu de leurs
substances. Dieu est mort ? Pas du tout. Les dieux non plus.
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