L'invention du néolibéralisme, dans les années 1920-1930, est un évènement fondamental dont nous n'avons pas encore fait le tour. À l'épreuve de la crise du libéralisme, il entend refonder le libéralisme et l'économie de marché concurrentielle sur des bases nouvelles, élaborées notamment lors du Colloque Walter Lippmann (1938) et reformulées avec la fondation de la Société du Mont Pèlerin (1947).
Ce n'est pas assez de dire que le néolibéralisme a une histoire : il est une histoire, il se constitue comme courant structuré à la fois par des convergences et des divergences - ne minimisons pas les premières, mais n'oublions pas non plus les secondes. Soudé par un agenda fédérateur minimal - rétablir les mécanismes de marché - et par des ennemis communs - le « collectivisme », le dirigisme, l'État social, etc. -, le néolibéralisme n'en est pas moins traversé de failles, souvent occultées par ses protagonistes, dont le repérage aide à en comprendre les rapports de forces et les évolutions. Ce faisant, un tel repérage permet aussi de saisir les lignes dominantes, les ambivalences et les contradictions d'une des plus importantes entreprises théoriques et idéologiques du XXe et du XXIe siècle, animée par le souci de sauver le libéralisme et le capitalisme face à leurs adversaires et à leurs critiques.
Sous cet angle, cette recherche est aussi une contribution à l'élucidation intellectuelle des contradictions, des problèmes et des défis jamais résolus du capitalisme et de ses défenseurs. Pour accomplir cette vaste fresque, mobilisant de nombreuses sources inédites, Serge Audier reconstitue les ramifications et les évolutions du néolibéralisme à travers les différentes postérités du Colloque Lippmann et les tribulations de la Société du Mont Pèlerin, en combinant histoire, conceptualisation et perspectives politiques.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.