La cause est entendue : Dieu et César doivent être séparés. La phrase du Christ sur la séparation des pouvoirs fait aujourd'hui loi. Et pourtant, à y bien regarder, la sortie de la religion et la dépression du politique dans nos vieilles démocraties ne vont-ils pas de pair ? Si la prétention et la violence religieuses doivent être combattues, encore ne faut-il pas être aveugle sur la force positive du lien qui unit religion et politique, en particulier christianisme et politique. De cette idée peu avouable par les temps actuels, Paul Valadier démontre avec rigueur la cohérence et la nécessité à travers une relecture d'une part de la tradition philosophique, en particulier de la philosophie politique moderne, d'autre part de la théologie politique, avec les impasses intellectuelles qui, à partir de saint Augustin, ont freiné l'avènement de la " nouveauté chrétienne ". Cependant, dans les temps récents, on a trop oublié ou méprisé les dynamismes de celle-ci. La " bonne formule " du rapport entre religion et politique ne saurait se réduire au slogan de la laïcité française : " Chacun chez soi ". Il faudrait plutôt parier que les religions sont capables de mobiliser leurs énergies symboliques pour donner à entreprendre ensemble et à espérer en un avenir collectif à construire. Elles ne sont pas nécessairement un pouvoir rival ou " complémentaire " : à leur juste place, elles peuvent créer du lien social et porter un avenir que les démocraties oublient facilement au profit des sollicitations immédiates.
Paul Valadier est directeur des Archives de philosophie, professeur de philosophie morale et politique aux Facultés jésuites de Paris, auteur de plusieurs livres, dont Un christianisme d'avenir (1999), Morale en désordre (2002) et La Condition chrétienne (2003).
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