«Je prends congé, j'ai rendez-vous rue des Martyrs avec
Jean Genet.
Ce rare moment à être dans les rues sans être traqué...
enfin, pour l'instant !
Il est 11 heures, seul à ma table, l'air d'un débarqué, je
roule cigarette sur cigarette. Je ne connais Genet qu'à
travers ses livres, son soutien, la lettre qu'il m'a envoyée en
prison... La porte du café s'ouvre, le crâne chauve et rose
s'inscrit dans l'ouverture, un pardessus en poil de chameau,
le regard fonctionne à toute vitesse. On dirait un
notaire de province. Il m'aperçoit, lui, le vagabond, le
poète, le voleur, l'écrivain éternel... Rien ne transparaît
sur son visage. Il s'assoit en face de moi, nous sommes
dans un bistrot, on pourrait être en cellule, sa voix
tremble. Le réclusionnaire de lui-même, de sa propre
peau... Je le regarde fixement - qui juge qui ? Son sourire
en coin survient.
- Pas à moi !
En me fixant avec ses petits yeux bleus accrocheurs :
Il ajoute :
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