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Désorceler nous introduit dans l’atelier d’une désorceleuse, Madame Flora, que Jeanne Favret-Saada a longuement fréquentée. Ainsi pouvons-nous saisir sur le vif les procédés verbaux et les actes rituels grâce auxquels la magicienne entraîne peu à peu ses patients à modifier leur manière d’être. Au contraire de ce qu’on imaginerait, elle n’exige d’eux une adhésion claire et inconditionnelle ni à son activité, ni à la sorcellerie. Il suffit qu’ils soient pris dans une spirale de malheurs incompréhensibles et qu’ils ne tiennent pas les sorts pour une hypothèse inenvisageable. Ensuite, tout son travail se déroule sous le signe de la supposition, comme dans les thérapies savantes que nous connaissons déjà. L’increvable stéréotype des cultures urbaines – de supposés magiciens dupant des paysans crédules – fait ainsi place à la description d’un lent processus de guérison. Conçu pour résoudre des crises propres aux familles d’agriculteurs bocains, son bien-fondé séduit pourtant quiconque se trouve l’objet de malheurs répétés.