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Inlassablement Blumenberg explore la genèse de la phénoménologie,
sa progression et sa consolidation. Ce travail est mis au service des
acquis de la phénoménologie, pour l'enrichir et la rendre fructueuse.
Même ses apories sont exploitées à son profit, mais jamais au profit
de «cette forme dégradée de la phénoménologie qui se nomme "ontologie
fondamentale"». Le but de ces analyses est de montrer que
l'interdit d'anthropologie qu'a édicté Husserl va à l'encontre même de
son projet. C'est une contingence primordiale qui nécessite la
recherche d'une anthropologie : l'absence de rapport entre l'eidos Moi
avec l'eidos Homo sapiens. Il faut que soit pris en compte l'homme
qui souffre, qui se cherche, s'interroge, se cultive, édifie des systèmes
philosophiques et invente les sciences exactes, qui veut réussir sa vie
et qui peut la rater ; l'homme qui a besoin de consolation, même si ce
besoin est impossible à combler. C'est là comme un lieu vide qu'il
revient à l'anthropologie d'investir. Ne subsiste alors que cette reformulation
de la question de Kant : «Comment l'homme est-il seulement
capable d'exister ?» Il l'est parce qu'il voit et, ce faisant, sait
qu'il peut être vu. Voilà toute la dignité de la théorie. Pour autant,
l'homme n'est jamais transparent, ni à lui-même ni aux autres. Avec
la «description de l'homme», la phénoménologie s'est pleinement
approprié les conditions de sa propre possibilité. «Ce qui allait de soi
ne va plus autant de soi qu'avant.»
D. T.
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