Lors de sa publication en 1730 le traité Des Tropes n'a pas rencontré un
grand succès, bien que son auteur soit alors connu, notamment pour ses
Véritables principes de la Grammaire publiés en 1722. Il faudra attendre la
parution, en 1818, d'un «commentaire raisonné» de cet opuscule par le
grammairien Pierre Fontanier, et surtout sa promotion par les études de rhétorique
menées, dans la seconde moitié du XXe siècle, par les théoriciens de la
littérature, pour que l'ouvrage de Du Marsais rencontre un véritable public.
Si, aujourd'hui, cette réflexion sur les «différents sens dans lesquels on peut
prendre un même mot dans une même langue» nous intéresse, c'est pour
des raisons qui débordent la simple question du trope, et qui intéressent le
domaine plus général des études sur le langage. Et particulièrement la question
de la pensée et du discours.
Ainsi, Du Marsais fait en sorte de ne pas séparer les manières de penser et les
«manières de langage», ce qui, en même temps, engage une pensée conjointe
du philosophique et du linguistique.
Mais le point qui résume peut-être le mieux le regard de Du Marsais sur
le langage concerne son traitement de l'usage. Cette notion, centrale dans la
théorie des tropes, prend ses distances avec la transcendance du «bon usage»
défini, à la manière de Vaugelas, comme «la façon de parler de la plus saine
partie de la Cour conformément à la façon d'écrire de la plus saine partie
des Auteurs du temps». Dans le traité Des Tropes, la connaissance du langage
regarde vers la pratique empirique des locuteurs. Ce que Du Marsais appelle
«l'usage de la vie».
G. D
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