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Des disparitions par centaines, toutes des filles ou des jeunes femmes, ont lieu dans une ville au nord du Mexique... Quel est le responsable ?
À Ciudad Juarez, ville tentaculaire à la frontière nord du Mexique, des centaines de filles et de jeunes femmes disparaissent. Mondialisation, cartels de la drogue ou tueur en série, trafic d’êtres humains, qui est responsable ? Si les faubourgs les plus pauvres s’enlisent dans la peur, la vie continue malgré la psychose. L’espoir d’une vie meilleure de l’autre côté, chez les gringos, amène ici quantité d’hommes et de femmes prêts à tout pour traverser clandestinement : travailler pour un salaire misérable dans les maquiladoras, ces usines d’assemblages implantées en masse à la lisière du désert, se prostituer en espérant gagner l’argent des papiers, voler, tuer, mourir. Oscar, un ancien flic, vigile dans un bar de nuit, mène l’enquête aux côtés d’Éva, une jeune Américaine hantée par son passé. Entre fatalisme et rébellion, nombreuses sont celles qui tremblent pour leurs proches. Graciela, Ester Luna, Maria, Griselda, toutes invoquent leur sainte patronne, la Vierge de Guadalupe.
Suivez les investigations d'Oscar, un ancien policier, et d'Éva, une Américaine préoccupée par son passé, dans ce polar qui vous emmène tout droit à Ciudad Juarez, entre fatalisme, religion et rébellion.
EXTRAIT
Lupita. SA Lupita. Quatorze ans déjà qu’elle la voyait grandir. Depuis que son père était parti un matin vers le Nord, de l’autre côté du Río*, elle se démenait pour l’élever du mieux qu’elle pouvait. Elle était sa fierté, son rayon de soleil. Si près des États-Unis, si loin de Dieu, disait-on. Elle devait la sortir de cet enfer, l’amener loin de cette fange. Encore deux ans et elle aurait fini le lycée. Que ferait-elle, après ? Guadalupe travaillait là pour lui payer ses études. La maquiladora*, c’était pour le quotidien, pour survivre. Ce qu’elle faisait ici, c’était pour plus tard, pour bientôt. Du rêve à moyen terme. Chaque mardi après-midi, elle portait à la banque la poignée de dollars gagnée grâce à ses poses suggestives. Sa poitrine pouvait bien tomber un peu, ses bourrelets s’épaissir, elle s’en moquait. Même si elle avait beaucoup changé depuis l’époque où elle faisait encore des projets avec celui qui devait partager sa vie, elle n’était pas si mal pour ses trente ans. Elle devait cependant se dépêcher, les choses s’accéléraient. Son corps vieillissait trop vite pour qu’elle puisse encore longtemps se déshabiller contre de l’argent tout en refusant de se donner aux clients. Dans très peu de temps, de plus jeunes prendraient sa place. Elles seraient plus fermes, plus souples, et le désespoir les pousserait à moins de vertu. Il lui fallait cet argent. Elle devait prier la vierge de Guadalupe, sa sainte patronne. Celle de son pays, aussi. Elle ne lui avait pas rendu visite depuis plusieurs jours. Et son cousin qui n’était toujours pas là. Encore à traîner avec ses copains ou à bécoter sa fiancée. Il en avait de la chance. Elle lui en aurait presque voulu. Un travail assez bien payé dans un garage pas trop éloigné du centre-ville, un patron à peu près correct et une fiancée. Que demander de plus ? Naître homme, sans aucun doute.