Tout commence par une pierre qu'une enfant trouve, oubliée dans un tiroir. Pourquoi un caillou anodin a-t-il pris place parmi les bijoux de sa mère ? La mère alors lui raconte le souvenir d'Azria, une refugiée débarquée un été sur une plage au beau milieu des touristes en villégiature.
Carole Zalberg sait trouver les mots pour évoquer, avec grâce et simplicité, l'un des sujets les plus brûlants de l'Europe d'aujourd'hui. Alternant le dialogue mère-fille et le monologue d'Azria, Des routes met en évidence la difficulté d'expliquer et de justifier notre indifférence face à ceux qui ont tout quitté pour tenter d'échapper à la terreur ou à la misère.
Les dessins d'Anne Gorouben qui, de 2015 à 2016, a longuement rencontré les vies et les routes des exilés de la « Jungle » de Calais, témoignent de la volonté de ne pas les laisser sombrer dans l'anonymat, de leur restituer cette humanité qu'on leur nie.
Quand la mère avait vu ces premières silhouettes sortir de l'eau, des hommes, des femmes, des enfants, certains qui s'affalaient aussitôt sur le sable, pas même à l'abri du ressac - comme si, vraiment, ils ne pouvaient pas aller plus loin maintenant qu'ils avaient atteint leur but, la terre ferme et l'espoir d'une vie neuve - d'autres qui couraient en zigzaguant vers la pinède en bordure de plage, elle s'était approchée. Elle n'était pas la seule mais quand même, ils n'étaient pas nombreux, sur cette plage, à interrompre les jeux, la baignade, le repos.
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