Avec Ikezawa, on dirait toujours
qu'une voix séjourne parmi nous.
Une voix qui ne semble pas d'ici, mais
dont il est permis de capter la rumeur à la
faveur de certains no man's land propices
aux dialogues avec l'invisible : les champs
neigeux d'Un voyage vers le nord, l'île
coupée du monde d'où la jeune mère
d'Espérance disparaît avec son enfant, ou
ce repli du temps, juste après la vie, quand
les os retiennent encore un peu de l'âme
aimée qui se disperse (Des os de corail, des
yeux de perle).
Comme un peintre, il sait placer la lumière,
réserver les transparences. Il excelle à
disposer une scène de neige, des rires de
jeunes filles dans le soleil, un banc de
poissons minuscules filant dans les
profondeurs. Il sait aussi désigner un point
invisible au centre de son tableau, et faire
de l'impalpable un objet de légende.
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