Dans un bobinard propret de la rive droite, Ugo, une jeune recrue de la Wehrmacht, échappe de peu à la tuerie perpétrée par un gang de patriotes exterminateurs. Sa survie, l'adolescent la doit à une novice dans le métier, plus impressionnable que ses consœurs. Celle-ci paiera. Pour ça ou pour autre chose. On la retrouvera fille à soldats, ballotée dans le ressac du front de l'Est. Comme Ugo, dépassé, à la fois transi d'amour et renégat. Le mensonge et le pardon, les certitudes aveugles, l'appétit de la vie mais aussi son mépris, on n'embrasserait pas d'un seul regard toute la palette de pulsions que déchaîne la guerre, la vraie. Nul besoin d'accents épiques, cependant, pour enrichir ses nuances ! Au fond, l'homme ne mène-t-il pas en permanence sa guéguerre ? Larvée, civile, sainte, totale, sociale, la guerre sourd de partout. Elle naît de rien et se nourrit de peu. L'hystérie de touristes pris au piège des journées du Patrimoine, les dérèglements d'un vieux conservateur poussé à la porte de son musée d'anatomie pathologique, et la voilà qui éclate un matin, " comme une girolle sur la fumure " ! Il n'y a que la dérision et l'humour pour en conjurer les horreurs. Ces cinq nouvelles en forme de petits romans en sont truffées. Mais attention, ce rire-là ne chante pas ; il grince, comme celui que le pendu cracherait à la face de son bourreau.
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