En pleine épidémie de Covid, dans une maternité déserte, je me suis demandée si mon fils allait naître dans un monde irrémédiablement appauvri, sans le droit de se toucher ni de se rencontrer. Le confinement a été levé, mon fils est né, mais les « gestes barrières » sont restés. J'ai découvert l'immense continent des gestes de la maternité, tour à tour libérateurs et aliénants. J'ai alors commencé à réfléchir aux architectures tactiles, celles qui nous entravent et celles qui nous portent, et à imaginer une archéologie du toucher. L'amour et la perte, la tendresse et la violence, la transmission et la rupture, la naissance et la mort : et si l'on racontait notre vie sous l'angle des gestes qui la composent ? Des mains heureuses qui nous font et nous défont ?
C. R.
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