S'intéresser à l'animal, nous le verrons à travers ces quelques études que je propose, c'est initier un questionnement sur 'humain, sur sa place dans l'univers comme créature vivante parmi d'autres, mais bénéficiant d'un statut à part. C'est aussi s'interroger sur la vie dans son mystère qui, en dépit des progrès de la science, dans son principe nous échappe et, surtout, sans cesse outrepasse les limites de notre conscience. Que nous acceptions de nous y ressourcer, et nous puisons dans ce qui est puissance de l'origine en nous, un nouveau souffle, une énergie capable de transcender ce que Romain Gary appelait « l'infirmité » de notre condition. Comme âme vivante, ainsi que le veut la racine latine du mot animal, l'animal nous fait face comme altérité. C'est un regard qui ne peut communiquer avec nous par la parole. Nous ne détenons dès lors nul accès à son intériorité. Nous ignorons même comment il voit le monde. « Il le sent en "chevreuil", le paysage doit donc être "chevreuil" », écrit Franz Marc à l'hiver 1911-1912. L'« animalisation de l'art » échappe à la dualité mimétique ; il ne s'agit pas de représenter un objet, mais de participer de son élan de vie.
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