Malgré leur apparition tardive, les chanoines réguliers furent au XIIe et au XIIIe siècles l'une des fractions les plus dynamiques de l'Église normande. Prenant le relais des bénédictins, ils furent, bien plus que les cisterciens ou les mendiants, l'instrument et l'expression de la réforme. Dans un groupe de plus d'une quarantaine d'établissements, où les victorins et les prémontrés tiennent une place de choix, vinrent s'intégrer à partir de 1118 des communautés très diverses : ermitages, collégiales et chapitres cathédraux, hôpitaux et léproseries. Particulièrement engagés dans la desserte des paroisses, les chanoines réguliers furent les agents les plus efficaces de la diffusion des idées grégoriennes et de l'affertissement de l'autorité épiscopale. Cette diversité d'origine et de fonction leur permit de rester jusqu'à la fin du Moyen Âge une composante essentielle de la société chrétienne normande.
Après une présentation d'ensemble du mouvement, des origines au pontificat de l'archevêque Eudes Rigaud (milieu du XIIIe siècle), quatre communautés peu connues, Bourg-Achard, Corneville, le Val et Friardel font l'objet de monographies plus détaillées. Un ample appendice documentaire rassemble les chroniques canoniales les plus importantes (Saint-Barbe-en-Auge, l'Île-Dieu et Ardenne), et un choix de documents significatifs des aspects les plus originaux de l'histoire et de l'action des chanoines réguliers. Au-delà de l'histoire particulière d'une partie généralement négligée du clergé regulier, l'application de la réforme grégorienne et l'extension du contrôle ecclésiastique sur la société normande font l'objet de cet ouvrage.
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