Les Editions de Minuit
Imaginez. Il ne vous reste que deux jours à vivre. Qu'est-ce qui est préférable ? Finir tranquille dans l'ennui qu'aura été toute votre vie ? Ou bien, si vous êtes musicien, comprendre enfin pourquoi votre musique vient d'être huée et, dès le lendemain, rencontrer celle qui devrait être votre dernier amour ?
Ultime partition amoureuse d'un compositeur proche de la mort, récit tragique et léger : le douzième roman de Gailly est tout simplement parfait. Dernier amour est la suite exacte d'Un soir au club, ou plutôt l'histoire de ses effets sur un romancier plus souverainement musical que jamais. Tout cela tient bien sûr à peu de choses, et touche donc à l'essentiel : la vie, la mort, le piano.
Paul Cédrat est compositeur de musique dite contemporaine. Le quatuor Alexander doit interpréter, un soir d'été à Zurich, son Quatuor à cordes, opus 12, entre une pièce de Haydn et l'Opus 131 de Beethoven. Paul est dans la salle, c'est la minute de son oeuvre, et c'est aussitôt le flop : l'assistance marque son mécontentement, il faut précipiter l'entracte, il ne reste plus qu'à passer à Beethoven. Et à mourir. Car Paul est trop maigre et très malade, aussi s'en va-t-il agoniser au bord de la mer.
Avec la facilité d'un pianiste qui n'a presque plus besoin de jouer, ou alors seulement quelques notes, Gailly se permet une sorte d'improvisation au bord du gouffre : des silences, beaucoup de vide, quelques motifs et deux ou trois couleurs. À peine un roman, en vérité : quelque chose comme l'ébauche d'une chanson, l'équivalent littéraire tout juste murmuré de it Was a Very Good Year, le chef d'oeuvre de Sinatra sur lequel tombe Paul à la radio. Mais du Sinatra joué par un Bill Evans très fatigué : tragique et léger, merveilleusement syncopé, attrapant sa vie comme une mélodie impossible à sauver, et se sauvant bien sûr par elle.
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