Dérives n'a de cesse de questionner la mémoire. Qu'elle soit personnelle, collective, en déroute, invoquée comme un devoir, malmenée, voire même effacée, celle-ci se trouve au coeur de l'ouvrage.
La première partie, « Jours Blancs », évoque la dimension du souvenir sur le plan individuel. Dans un paysage de neige et de silence, un homme lutte pour conserver son passé, son identité, les gestes de son quotidien. Des fragments éclatés accueillent sa litanie pour conjurer l'oubli, visant à traduire au plus proche le morcellement de la mémoire et du langage. À cette voix répond celle d'un témoin qui observe, se questionne sur l'errance de son semblable, rend compte de ce qui se perd progressivement.
Quant à la deuxième partie, « De glaise et d'eau », elle convoque la notion de mémoire collective en suggérant les périples avortés et les naufrages de celles et ceux qui tentent le voyage par la terre ou par la mer vers un Occident fantasmé. Poèmes et proses poétiques décrivant ou symbolisant la condition des migrants s'y succèdent. Entre l'étranger qui refuse à la fois d'être « sujet oubliant » et objet d'oubli et l'homme frappé d'amnésie de l'ouverture du recueil se crée alors un tissu d'échos, la quête de l'un rejoignant celle de l'autre, comme si petite et grande histoire se tenaient par la main.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.