Alors que la guerre de position figeait les fronts, les combattants s'adonnèrent à une intense activité artistique destinée à tromper l'attente et le cafard. À l'aide d'un outillage de fortune et de matériaux issus de la guerre industrielle – l’aluminium des fusées, le laiton des douilles d’obus de tous calibres, les éclats de projectiles... –, ils conçurent avec ingéniosité des bijoux et des bibelots. Leurs formes, leurs motifs et leurs inscriptions, le souci décoratif dont ils étaient investis – à la flexion d’un naturalisme naïf, d’une recherche d’expressivité et de l’Art nouveau désormais acculturé – trouvaient leurs sources dans une perpétuation de l’art populaire et dans l’expérience brutale de la guerre moderne.Très en vogue sur le front où elle contribua à structurer relations et sociabilités, et à l’arrière où ses amateurs étaient nombreux, cette pratique cristallisa des valeurs sociales, des enjeux artistiques et des projections psychanalytiques que cet ouvrage interroge. Ce qu’on qualifie sans doute trop rapidement de bricolage ou d’artisanat a constitué une culture matérielle et visuelle, qui a été l’objet d’une patrimonialisation et qui irrigue encore l’art contemporain et actuel.
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