Lucie : On a planté la boîte dans le trou, on a fermé le trou. Le curé a arrosé avec sa brosse à toilette. Et puis tout le monde a dit : « Lucie, faut pas être triste, faut être courageuse, faut aider ta maman, faire des repas pas trop cramés, être gentille avec ta soeur qui est trop petite et qui ne va rien comprendre, faire tes devoirs, être sage à l'école, ne pas te battre. Eliot est au paradis, tout va bien pour lui, merci. »
Tout le monde parlait tout bas comme ça, sauf Gaëlle, qui racontait une blague dans son coin. Elle disait : « C'est un macchabée qui rentre dans un café et plouf... »
(Rires. Gaëlle arrive)
Gaëlle : Ils n'étaient pas rigolos, les gens, hein. Sauf le curé qui ne racontait que des salades pour consoler tout le monde. Ça c'était drôle. Normal que tu n'aies pas tout compris.
Lucie : J'ai tout compris ! Pourquoi tu es venue ? Tu ne le connais même pas.
Gaëlle : Pour faire connaissance.
Lucie est très en colère.
Son frère est mort et sa mère n'arrive plus à donner un sens à sa propre vie. Elle s'est enfermée dans sa chambre et ne s'occupe plus de ses deux fillettes.
Avec sa soeur Léa, Lucie prend l'habitude de passer chaque jour de longs moments au cimetière. Mais c'est compter sans « Gaëlle la demeurée » qui en a fait son domaine. Elle n'aime pas du tout qu'on vienne la déranger quand elle parle aux tombes.
Léa est fascinée : ainsi donc il est possible de parler aux morts ? Y arriverait-elle, elle aussi, si elle connaissait le mode d'emploi ?
Un texte à la fois léger et grave, drôle et intense, qui aborde une question qui touche chacun, tôt ou tard : comment faire le deuil d'un être cher trop tôt disparu ? Et surtout comment arriver à reporter l'amour qu'on lui portait sur les autres, ceux qui restent là, bien vivants, et ont tant besoin d'affection ?
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