Nous sommes à Venise, dans les années 1360. Quatre jeunes gens, imbus de philosophie à la mode, accusent Pétrarque de n'y rien connaître. C'est un brave homme, mais un ignorant.
Curieux destin, pour le plus grand lettré du siècle. Il peaufine sa réponse : polémique, ardente, et d'une virtuosité inouïe. Qu'est-ce donc que ce texte, où l'on a vu la première formulation de l'opposition entre la scolastique et l'humanisme naissant ? Qu'est-ce que savoir, et que faut-il savoir ? Où est l'ignorance, si l'on connaît le monde en se méconnaissant soi-même ? Qu'est-ce qu'une science qui n'est pas habitée ? Pétrarque, cet «homme moderne», retrouve les réponses les plus anciennes, celles d'Augustin, de Bernard, de Jean de Salisbury. Et à ces jeunes «averroïstes», idolâtres d'Aristote, il oppose l'exemple d'une vie et d'un savoir unifiés, qu'il entend incarner lui-même dans la soumission aux certitudes de la foi. Etrange leçon de sobriété du savoir par l'expression véhémente de soi. Appelons cela une écriture nouvelle ; elle ne va pas sans risques.
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