Voyage de Paris à Bucarest
tome 1. Paris-Vienne. 1860
Donc je me mettrai demain en route pour aller aussi loin que possible, sans sortir toutefois de notre bonne Europe. J'évite la mer, non pas que je ne l'aime beaucoup pour le plaisir des yeux, mais parce qu'elle ne garde rien, l'oublieuse qu'elle est, des hommes, des grandes choses et des peuples qu'elle a vus passer. La vague qui suit le navire efface le sillon qu'il a creusé, et là où le sort des batailles a fait s'abîmer un empire, on n'aperçoit que le flot qui se joue dans son éternelle mobilité.
J'aime à sentir sous mes pieds une terre sonore, pleine de souvenirs. La nature toute séide est bien belle mais l'homme ajoute à sa beauté immuable la variété infinie de ses pensées et de ses aventures. La terre où il a vécu et conquis la renommée conserve quelque chose de lui-même. Si le paysage de la campagne romaine a une incomparable grandeur, c'est qu'au-dessus de cette plaine nue et dévastée planent toujours les innombrables et imposantes images d'un passé deux fois glorieux.
Et voilà pourquoi je vais partir pour Strasbourg au lieu de m'en aller à Marseille.
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