Le XVIe siècle est considéré comme le «crépuscule de la chevalerie». La violence
des guerres d'Italie, la haine des affrontements religieux et l'expérience
de la guerre moderne y seraient venues à bout de ses pratiques et de son idéal.
Pourtant, cette période est aussi celle du chevalier Bayard, de l'adoubement
de François Ier au soir de Marignan et de la mort d'Henri II lors du tournoi de
la rue Saint-Antoine. Jamais cet idéal n'avait été autant invoqué par les princes
et leurs hommes de guerre. Mais comment pouvaient-ils encore se dire chevaliers
? Pourquoi en éprouvaient-ils même le besoin ? Cette chevalerie, à laquelle
ils vouaient un véritable culte, était-elle encore celle du Moyen Âge ? Voilà
quelques-unes des questions qui conduisent la réflexion de Benjamin Deruelle.
À partir d'une étude des pratiques littéraires, guerrières et symboliques de la
chevalerie, il nous invite à redécouvrir cet idéal avec les yeux des gentilshommes
de la première modernité. Ce cheminement au travers des romans de chevalerie,
des cérémonies du pouvoir ou de la violence de ces gentilshommes dévoile un
versant essentiel, et pourtant peu connu, de leur imaginaire. La redécouverte de
cette culture, réinventée pour mieux survivre, et de ses multiples appropriations
rend ainsi à cet idéal martial son rôle d'acteur à part entière de l'histoire. La
chevalerie redevient alors ce langage autour duquel une monarchie, plus forte
que jamais, s'oppose et communie avec sa noblesse. Cette étude revisite ainsi
les figures multiples du chevalier et de la chevalerie au moment même où ce
mythe fondateur de l'imaginaire de l'Occident est reforgé dans le papier, le fer
et le sang de la guerre.
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