«Si l'on suppose que toute communauté humaine repose sur une vie phénoménologique
omniprésente dont elle reçoit sa force et sa certitude, la
mise à l'écart de la phénoménologie sera celle de cette vie cachée et toute-puissante.
Dès lors son reflux de la culture laisserait place à la spéculation
traditionnelle, à une philosophie du langage coupée de ce soubassement de
la Vérité, libre de dérouler sans fin ses inventions verbales et ses jeux de
mots.»
Par ces mots, Michel Henry donne à penser que ce serait pour faire obstacle
à ce reflux possible, à cette philosophie qui joue sur les mots, au déni
de ce soubassement de Vérité sur quoi reposent l'existence et le développement
de toute communauté humaine, qu'il a été amené à prendre la parole
en marge et commentaire de son oeuvre publiée et à poser à ses contemporains
la question qui mérite le plus d'être posée : «Qu'est-ce que cela que
nous appelons la vie ?»
Au lendemain de sa mort en juillet 2002, il devenait nécessaire, voire
urgent, de rassembler la plupart de ses essais, études, articles et conférences
publiés dans des revues ou restés inédits. Tel est l'enjeu des quatre
volumes de Phénoménologie de la vie qui marquent une étape décisive
dans la constitution de ses «OEuvres complètes».
Ce troisième volume tire et développe deux des conséquences essentielles
de la Phénoménologie de la vie. D'abord que, comme l'intersubjectivité, la
politique et l'économie ne doivent pas se penser à partir des structures
sociales, mais à partir de l'immanence à soi de la vie - suivant une interprétation
révolutionnaire de Marx. Ensuite que l'art, en particulier la peinture,
plus encore la peinture abstraite, ne représente rien du monde, parce
qu'il ne présente que le pathos originel de l'invisible, de l'auto-affection.
J.-L. M.
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