Au XIXe siècle, on distinguait les religions primitives
des grandes religions de la planète sous deux
aspects. En premier lieu, les religions primitives
seraient inspirées par la peur ; en second lieu, elles
seraient inextricablement liées aux notions de
souillure et d'hygiène : les primitifs étaient, disait-on à
l'époque, convaincus que ceux qui par inadvertance
traversaient quelque ligne interdite étaient victimes
d'effroyables catastrophes.
Mais les anthropologues qui, comme Mary Douglas,
ont pénétré plus profondément dans ces cultures
primitives ne trouvent pas trace de cette peur.
L'hygiène, en revanche, se révèle une excellente piste
si nous savons la suivre en profitant des connaissances
que nous avons de nos propres sociétés : plus
nous connaissons les religions primitives, plus il nous
apparaît qu'il y a, dans leurs structures symboliques,
une place pour la méditation sur la saleté qui est aussi
une réflexion sur le rapport de l'ordre au désordre, de
l'être au non-être, de la vie à la mort.
«Ce livre passionnant et complexe présente les interdits rituels
comme le problème central de l'histoire des religions.»
Luc de Heusch
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