Les régimes de vivre du XVIe et du XVIIe siècle révèlent l'importance
d'une tradition occidentale : celle de l'association
séculaire entre la santé et la sobriété, la tempérance, l'attention
toute particulière donnée à la modération, la présence
insistante d'une stratégie de calcul. Mais plus encore ces
textes révèlent l'apparition de l'individu moderne. Très différents,
à cet égard, de ceux du Moyen Âge, ils évoquent une
affirmation de soi. Ils sont écrits en termes d'émancipation,
d'affranchissement : libération à l'égard des pressions
cosmiques, par exemple (la critique de l'astrologie, entre
autres, y est nouvelle et déterminante), possibilité d'être le
médecin de soi-même, méditation sur la mort jusqu'au sentiment
de pouvoir en repousser le terme. Modernes, ces textes
appartiennent pourtant largement à leur temps. Ils montrent
même à quel point les organes qu'ils écoutent, les réactions
qu'ils décrivent, ce corps si proche du nôtre, en est encore si
éloigné : les qualités restent celles, toutes naturelles, du
chaud, du froid, du sec, de l'humide ; l'organique est fait
d'humeurs aux pourritures toujours menaçantes, le choix
diététique des aliments, enfin, tient aux sensations très individuelles
ou au goût particulier qu'ils provoquent et non,
bien sûr, à quelque valeur «chimique».
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