L'Aura de Miron Bialoszewski (1922-1983) se confirme en
Pologne de génération en génération de lecteurs (y
compris de jeunes poètes). Depuis ses débuts aux
premiers jours du dégel littéraire en 1956, avec la publication
du recueil de poèmes De la révolution des choses et celle de la
prose du Mémoire de L'Insurrection de Varsovie rédigé peu
après les événements eux-mêmes, mais autorisé seulement en
1970, les rééditions se succèdent. Poète, mais aussi prosateur
et homme d'un célèbre théâtre en chambre, il a défini un art
de l'écriture qui au travers des formes d'une novation
linguistique déroutante renoua avec les origines de la poésie
polonaise, une poésie qui accompagnait et scandait la vie
ressentie en immédiateté. Bien que lui-même érudit, il
redonna dans sa création la primauté à l'oral, que ce soit dans
ses textes poétiques, textes de théâtre et ses proses dites et
redites avant d'être notées. C'est là que se trouve l'unité d'une
oeuvre qui va de longs poèmes lyriques (Autobiographie, un
perçu-rendu a-historique de son vécu, ou Rêve, élégie pour
l'aimé disparu) jusqu'à de brèves strophes d'éblouissement. Le
grand public le découvrit notamment grâce à la mise en
musique de ses vers par des chanteurs très populaires.
La présente anthologie offre un choix de poèmes extraits des
recueils successifs, jusqu'à plusieurs textes posthumes, ainsi
que de proses, notamment les brèves réflexions intitulées
Parlant d'écrire. Avec des allures d'art poétique noté comme
négligemment, ce dernier texte est d'abord un compte-rendu
de la généalogie culturelle et personnelle du poète, mais aussi
et peut-être surtout une prise de position sur une morale de
l'écrire, morale par l'exemple et non le prêche par gros temps
d'idéologies. La traduction a tenté d'être faite dans un souci
itératif d'exactitude du sens et de rendu des sonorités.
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