De la peinture à proprement parler
« La peinture, dans ce qui lui appartient en propre, excède, outrepasse tout langage ». Il y a un paradoxe légèrement provocateur à affirmer que la peinture ne saurait se dire. Est-ce pour s'ancrer en ce paradoxe que le livre commence par une méditation sur la sculpture, révélatrice d'espace, détour nécessaire pour approcher par la parole ce qui ne lui appartient pas, la peinture en son essence qui, en désappropriant l'oeil, s'ouvre à l'espace plastique révélateur du vide ?
Se découvre alors l'unité de créations aussi différentes que celles d'Albert Hirsch, Jean Degottex, Lars Fredrikson, Jacques Clauzel ou Béatrice Casadesus pour ne citer que quelques noms des peintres présentés. Ils ont tous en commun le désir exaspéré d'atteindre, par refus et sacrifices successifs de la représentation, l'espace plastique. Se présente alors une seconde question : comment ?
Comment chacun des peintres met-il au travail la peinture ? Car s'il y a un travail du peintre que Maurice Benhamou interroge en de courtes et incisives analyses, c'est pour mieux dégager le « travail de peinture », entendons la force de la peinture, la peinture « à proprement parler » qui dessille l'oeil, interroge l'esprit et soudain dessaisit celui qui regarde : instant d'illumination, de lumière.
La réflexion critique se fait alors méditation poétique : un poème sur la Dame à la Licorne intercède en faveur de ce regard autre, d'elliptiques évocations métaphysiques viennent s'intercaler dans le discours : à l'autorité du critique d'art se superpose, inestimable, la séduction d'une pensée qui touche à l'Être de l'art.
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