Pourquoi la grêle tombe-t-elle ici et pas ailleurs ? Qu’a-t-on fait au ciel pour que gronde le tonnerre ? Démunis face aux aléas de la nature, les paysans d’autrefois n’en ont pas moins toujours cherché à comprendre les causes des événements climatiques extrêmes. Au point de leur attribuer un sens moral ou symbolique que l’Église, et d’une manière générale tous ceux qui se croient détenteurs d’un savoir légitime, ont cru devoir rejeter comme superstition.
C’est le cas de l’archevêque de Lyon Agobard qui, dans les années 810, rédige un petit traité intitulé Sur la grêle et le tonnerre. Il y évoque ces « tempestaires », ou « escamoteurs » qui prétendent éloigner les intempéries en jetant des sorts. Tel est le point de départ d’une passionnante enquête qui porte sur la longue durée des imaginaires paysans, mais aussi sur l’histoire politique et intellectuelle de leurs pratiques sociales, ainsi que sur leurs stratégies pour maîtriser la nature.
Les oubliés de l’histoire, ceux qui n’ont guère droit de cité dans les sources écrites que produisent les élites, y retrouvent non seulement leur dignité, mais aussi leur capacité d’agir. Car elles sont fondées sur des rationalités pratiques dont ce livre entreprend l’archéologie sensible, à la recherche des « arrière-pays » du monde paysan.
Jean-Pierre Devroey est aujourd’hui l’un des médiévistes européens les plus savants et les plus inventifs. Eminent spécialiste des sociétés rurales du haut Moyen Âge et de l’histoire environnementale, il est professeur émérite de l’Université libre de Bruxelles (ULB), membre de l’Académie royale de Belgique. Il a notamment publié La Nature et le roi. Environnement, pouvoir et société à l’âge de Charlemagne (740-820) (Albin Michel, 2019).
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