Alexander Kluge a reçu, en 2003, le prix littéraire allemand
le plus prestigieux, le prix Büchner, événement salué par la
presse. Pourtant, les écrits d'Alexander Kluge, sont inclassables,
à l'image de l'homme lui-même : aussi bien écrivain,
philosophe, théoricien de l'art, que réalisateur de films,
producteur de programmes culturels pour la télévision et
professeur d'université ; ou encore à l'image de son parcours :
né en 1932, il fut l'élève d'Adorno, le collègue d'Habermas,
l'émule de Fritz Lang, membre du groupe 47, interlocuteur et
collaborateur d'Heiner Müller, et initiateur du Nouveau film
allemand. Sa biographie à elle seule est un miroir à mille
facettes de l'histoire allemande que ses écrits reflètent.
En même temps, ils s'inscrivent bien dans une tradition,
comme ils en rendent compte eux-mêmes. D'abord, la tradition
des fables de Lessing ou de Kleist, fables métaphoriques et
éthiques, qu'ils perpétuent. Ensuite, celle des récits historiques
de Fontane et avec eux, une certaine manière de dire l'histoire.
Certes, la légèreté grave de Fontane n'est plus de mise, mais la
volonté d'éclairer par une «stratégie d'en bas», les rapports de
domination et de production est la même. Il s'agit de décliner la
«grammaire du temps» et de montrer qu'elle est arraisonnée à
l'arithmétique des passions.
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