Évaluer l'importance d'une fraude financière est possible. Cependant,
comment prendre la mesure d'un presque mensonge, de la mauvaise foi ?
Par exemple dans l'industrie pharmaceutique ou dans les imbrications
écolo-scientifico-idéologiques. Et comment arbitrer des manigances politiques,
apprécier les supercheries de certains professionnels de la communication
?
Henri Atlan, membre du Comité Consultatif National d'Éthique à sa
création, choisit de nous éclairer à l'aide du concept d'onaa qui désigne en
hébreu à la fois la fraude, dans les transactions financières, et la blessure
verbale infligée par des paroles.
Le monde de l'onaa est celui de l'entre-deux : on ne rêve plus ici de
Platon, d'une vérité absolue, totale. À l'idéal d'une impossible pureté, on
substitue la conception d'une réalité plausible, utilisant les limites de la
loi pour imposer un moindre mal.
Le monde de l'onaa est celui du presque vol, du quasi-mensonge. Nous
sommes ici dans un univers de pratiques qui ne croit pas à la pureté
d'une solidarité fusionnelle, garantie par la présence d'un dieu.
Aujourd'hui, il semble qu'aucun discours, pas même l'usage d'énoncés
scientifiques, n'est à l'abri de dérapages frauduleux, volontaires ou involontaires.
En temps de crise financière et morale, qui fragilise les démocraties,
Henri Atlan éclaire des textes quelquefois anciens pour repenser
le statut de la fraude dans notre monde contemporain.
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