De la coïncidence des opposés et autres variations sur les contraires
Le concept de coïncidentia oppositorum (la coïncidence des opposés) apparaît à travers les âges chez des auteurs aussi différents qu'Héraclite, Nicolas de Cuse, Giordano Bruno ou Jacques Derrida. Il consiste, pour le résumer simplement, à considérer qu'à un certain niveau d'approche les choses et leur contraire s'équivalent. Ainsi une toupie lancée à pleine vitesse semble immobile, le froid extrême donne une impression de chaleur et, pour certaines mystiques, la vie et la mort sont égales. Ou bien encore, en rhétorique, l'ironie permet de dire à la fois une chose et son contraire. Ce concept parcourt la culture occidentale depuis plus de vingt-cinq siècles, mais de manière souterraine, ou pour exprimer l'inexprimable de la mystique religieuse ou amoureuse.
S'y rattachent aussi d'autres problématiques proches : l'insécabilité des contraires (les choses ne sont pas séparables de leur opposé), le fait que les choses peuvent souvent avec profit s'aborder par leur inverse et enfin le contraste des contraires, élément déterminant de l'esthétique, qu'elle soit visuelle, sonore ou littéraire.
À travers citations et commentaires, et en passant d'Érasme à Bach, de Pascal à Lao Tseu, David, Proust, Pessoa, Beckett ou Billie Holliday, l'auteur rend hommage à un certain humanisme. Cet essai original est aussi une vibrante incitation à élargir son propre horizon intellectuel.
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