« Lorsqu'on s'approche de Dante, on se trouve, soudain, face à une garde nombreuse et terrible : les commentateurs. Hérissés d'érudition, ils se tiennent en d'agressives attitudes au seuil de chaque chant de la Divine Comédie et leurs interprétations, brandies telles des fourches, font reculer le lecteur timide « là où le soleil se tait ». » Victoria Ocampo ouvre ainsi son essai sur Dante, qu'elle choisit de placer sous le signe du vers célèbre : Amor mi mosse, che mi fa parlare (Enfer, II, 72). Très tôt, le texte de la Comédie est devenu pour l'écrivaine argentine le lieu d'une méditation personnelle, dans la veine de celles de T. S Eliot ou d'O. Mandelstam, à peu près contemporaines. Mais là où Eliot formule, à travers Dante, sa conception personnelle de la poésie, où Mandelstam se penche avec le poète florentin sur la douleur de l'exil, elle revient passionnément, avec Francesca da Rimini, avec Beatrice Portinari, au miracle de « l'amour incorruptible, impérissable, qui émeut encore le monde ».
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