Das Kind
Das Kind relève d'un merveilleux rare et étrange. C'est le récit du séjour d'une jeune fille dans un hôpital ophtalmologique. On y soigne ses yeux, qu'elle a presque aveugles, à cause des scrofules dont son corps souffre et qui feront qu'elle ne pourra jamais montrer qu'une peau malade, stigmatisée. Elle a alors 12 ans.
12 ans : c'est l'âge que décrit ce livre. Et ce livre est écrit dans le langage qu'on a quand on n'a que 12 ans. C'est sans doute la prouesse littéraire de Das Kind (L'Enfant), qu'écrit dans cette langue d'enfant, pour dire des visions et des terreurs d'enfant, langue d'enfant, pour dire des visions et des terreurs d'enfant, des supplications et des espérances d'enfant, il n'emprunte rien à la puérilité de l'enfance, sans pourtant non plus jamais recourir à la lucidité rétrospective de l'adulte.
Ni niaiserie ni apitoiement. L'enfant en appelle certes ici à toutes les figures possibles de l'autorité et du salut, mais aucune n'est réelle cependant. Pas davantage le médecin chef que l'« ange fort », que Dieu même, à la fin. Toutes ces figures merveilleuses n'existent pas comme telles, sans doute, mais par contraste avec le monstrueux sous les traits duquel l'enfant se représente.
Thomas Bernhard dira de l'oeuvre de la poétesse autrichienne Christine Lavant, encore inconnue en France et dont un important volume de poésie paraîtra prochainement dans la même collection : « C'est le témoignage élémentaire d'un être abusé par tous les bons esprits, sous la forme d'une grande oeuvre poétique que le monde n'a pas encore reconnue à sa juste valeur. »
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