Passant pour le roi le plus puissant de son temps, chef d'un empire immense entre Indus et Méditerranée, Darius III, dernier représentant des Achéménides, semble néanmoins relever de l'obscure catégorie des «illustres inconnus». Aussi surprenant que cela puisse paraître, voici le premier livre jamais consacré à rassembler et à tisser les fils de sa mémoire. La faiblesse du dossier documentaire mais aussi un certain désintérêt pour l'empire achéménide finissant contribuent à expliquer cette étrange absence. Qui plus est, transmises presque exclusivement par des sources gréco-romaines qui chantent les exploits «homériques» d'Alexandre et dénoncent ses excès «orientaux», les bribes de connaissance sur Darius sont restées prisonnières de l'image envahissante du «soldat de la civilisation» venu d'Europe soumettre pays et populations du Proche-Orient. Réduit à une identité mutilante - «celui qui fut vaincu par Alexandre» -, le dernier des Grands rois n'a jamais pu avoir une vie historiographique autonome. Mais ce n'est pas tout, puisque, marquée par une déroutante amnésie historique et influencée par la tradition occidentale du Roman d'Alexandre, la tradition persane et arabo-persane est, elle aussi, très critique pour le souvenir reconstitué de Dãrã, vaincu par son «frère» Iskender.
L'enquête de ce livre porte prioritairement sur les représentations de Darius qui se sont constituées tant en Grèce, à Rome qu'en Iran, et qui ont été transmises à travers la littérature et l'iconographie jusqu'à nos jours. En offrant une lecture nouvelle et stimulante de textes et d'images connus, et en utilisant les ressources de l'anthropologie et de l'histoire comparatiste, l'auteur cherche à comprendre pourquoi Darius, à côté de tant d'autres, est condamné à hanter le territoire historien de l'oubli.
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