Malte, cinq ans, le sait bien, on le lui rappelle assez chez
lui : les services sociaux viendront le chercher s'il évoque
devant les maîtresses de la crèche l'apathie de sa mère, son
haleine douceâtre, les bouteilles qui s'accumulent sous
l'évier ; s'il dit un mot des insultes proférées par Ove, le
compagnon de maman ; s'il évoque la violence quotidienne
dont il est tour à tour témoin et victime. Lorsqu'il
fait la connaissance de cet homme blond qui lui parle à
travers la grille de la crèche, il voit en lui un ami. D'ailleurs
Roger, gentiment, lui propose son aide pour garder un
secret. Enfin quelqu'un qui lui accorde ce semblant d'attention
que sa mère et le compagnon de celle-ci, sous l'effet
de la colère ou de l'alcool, lui refusent. Puis Roger rencontre
sa mère, se fait insistant, lui offre de garder Malte...
Ce spectacle, le Témoin, depuis sa fenêtre donnant sur la
crèche, l'observe d'un mauvais oeil. Quelque chose cloche
derrière l'amabilité de cet homme, ses gestes trop appuyés.
Poussé par des souvenirs douloureux, le Témoin décide de
passer à l'action...
Au fil de ce récit d'une grande audace, mêlant avec
brio les perspectives, Sara Lövestam propose un voyage
dans les pensées de Malte. Épousant son regard, restituant
son interprétation personnelle de tout ce à quoi il
est confronté, elle parvient à approcher de manière aussi
saisissante qu'inédite un thème éminemment complexe,
frôlant l'indicible. Une oeuvre subtile et magistrale qui
confirme le talent de la jeune romancière suédoise.
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