Une puissance publique sans cap ni organisation, toujours plus coûteuse et pourtant à court de moyens ; des passions identitaires qui remplissent le vide laissé par le renoncement de l'État ; le retour en grâce des solutions autoritaires : voilà à quoi nous ont menés les élites politico-administratives qui, gagnées à la croyance mondiale nouvelle en une « gouvernance » impersonnelle et abstraite, ont cessé de croire que l'État était, littéralement, l'instituteur de la société. Or quand l'État renonce à être le garant de la communauté politique, c'est l'unité du pays qui s'affaisse, sa raison d'être qui s'efface.
Pour Gilles Clavreul, des solutions existent. Redonner des moyens décents à des services publics paupérisés devra se faire dans un cadre financier contraint. Conforter l'autorité de l'État, réaffirmer la centralité du pacte laïque n'iront pas non plus sans contrarier l'air du temps, tout comme exiger de l'élite qu'elle se comporte à nouveau en servante dévouée d'une cause plus grande qu'elle. Il faut pourtant faire tout cela, et plus encore.
L'État n'est pas la solution, l'étatisme encore moins. Mais il n'y a pas de chemin politique qui ne renoue avec cette histoire qui nous a faits. Les individus, pour se penser ensemble dans une société libre, ont besoin de l'État comme opérateur du commun.
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