À la fin de la période fatimide (969-1076), la Syrie perdit pour neuf siècles ses princes arabes. Des étrangers, souvent des Turcs, détinrent l’autorité militaire et contrôlèrent l’activité de ceux qui exerçaient un pouvoir civil ou judiciaire. D’un passé arabe qui avait été souvent glorieux, seuls demeuraient des souvenirs. Dès le VIe/XIIe siècle, des membres de l’élite urbaine consignèrent les récits de ceux qui avaient vécu ces temps révolus et recherchèrent les journaux qu’avaient tenus certains particuliers. En Égypte, grâce à des archives d’État, des historiens s’efforcèrent de retracer l’action des grandes dynasties. Si les sources primaires, archives et journaux de particuliers ont aujourd’hui disparu, des œuvres de compilation sont néanmoins parvenues jusqu’à nous. C’est à partir de ces discours, constitués principalement à l’époque ayyoubide et à l’époque mamelouke, que Thierry Bianquis, l’auteur du présent ouvrage, a pu reconstituer l’histoire de la domination fatimide sur Damas et la Syrie. Après une période d’occupation limitée, celle-ci atteint son apogée sous le règne d’un calife et imâm à la politique volontariste, al-ʿAzīz (975 à 996), également connu comme fondateur au Caire d’une des premières universités du monde, al-Azhar. Sous le commandement d’al-Ḥākim bi-Amr Allah, les Fatimides doivent ensuite faire face aux anticalifats bédouins et aux ambitions tribales mais réussissent néanmoins à conquérir Alep. À sa mort mystérieuse en 1021, al-Ḥākim se voit proclamé imâm occulté et dernière principale incarnation du prophète par certains de ses congénères chiites ismaéliens : c’est la naissance de la secte druze en Syrie.
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