À la fin du Moyen Âge, la Gascogne défendait un mode original de résolution
des conflits consistant en des médiations pénales. La structure de la société
et de l'habitat - un monde de maisons et de familles coagulées dans leurs
privilèges - ajoutée à la faiblesse régionale des pouvoirs souverains, expliquait
un maintien tardif des procédures d'apaisement dans la répression des crimes. La
pacification l'emportait alors sur les enquêtes et l'affliction des peines, coercitions
réservées à une minorité d'affaires. Toutefois, au XVe siècle, une épiphanie justicière
vint heurter ces usages si anciens dont «personne n'avait plus mémoire du
contraire». Pratiques inquisitoires, traques de criminels, procédures d'office et
tortures judiciaires s'abattirent sur des populations qui continuaient à proclamer
leurs anciennes coutumes comme garantes des équités ancestrales. L'exercice
de la justice devint un défi peuplé de discours frénétiques, de fers, d'entreprises
autoritaires, de tyrannies d'exercice, de grâce souveraine et de contestations
communautaires. À l'issue de la guerre de Cent Ans, la conquête judiciaire ajustait
la Gascogne aux rigueurs et aux miséricordes venues de France. Vivacité des
traditions et exigences de la souveraineté triomphante se mêlèrent alors en une
surprenante acculturation pénale dépossédant partiellement les communautés
de leurs protections coutumières. Attractive, cette émergence des charismes
justiciers rallia si bien les Gascons qu'ils finirent par consentir leur sujétion à
la majesté des Valois, ainsi qu'au gouvernement judiciaire des hommes qui était
venu avec elle.
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