« LA COUTURIÈRE. Oui, quand j’y repense, j’en ai habillé des événements dans les vies de mes clientes ! »
En quatre essayages, les mêmes personnages mais à des temps très précis, qui nous renvoient dans la guerre d'Algérie ou la grande secousse des années 70, puis le bord de notre présent, Martine Sonnet plonge dans l’intime : une couturière à domicile et l’une de ses clientes discutent ont ce genre de conversation de chez-le-coiffeur, où se disent le futile et l’essentiel en même temps.
Et la beauté de ce vocabulaire des tissus et des boutons, d'un artisanat millénaire et respectueux – la langue danse à l'arrière-plan, de tout ce que nous avons perdu, mais reconnaissons.
Quatre périodes de vie en quatre temps, avec une vue directe sur l’intérieur, la télé (Télé-Cagnotte, « 1 franc dans le monnayeur, une heure de programme »), un vocabulaire déjà enfui, mécanographe, loden, popeline,instamatic – le temps a passé si vite – des naissances, le divorce, les modifications du quotidien... Et un arrière-fond politique qui donne des résonances de fresque bien plus large.
Et ce que ça raconte nous ressemble, c’est la beauté de la petite histoire des anonymes de venir nous chercher par le bout des détails perdus. Lisez quatre pans de vie de femmes, comme quatre petits vestiges, gracieux et graves, qu’on aurait retrouvés dans une boîte à bijoux, un carton, un grenier, ou la boîte à ouvrage d’une Couturière.
À la fois historienne, spécialiste du XVIIIe siècle et des questions touchant au travail des femmes, Marinte Sonnet est la romancière de "Atelier 62" et de "Montparnasse monde", voir son site.
Christine Jeanney&François Bon
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