Parce qu'il était à la fois un artiste fondamental et un personnage hors norme, Gustave Courbet s'est trouvé, durant toute sa carrière, le peintre le plus caricaturé de son temps. Ses amis et ses ennemis sévissaient dans les journaux pour charger son esthétique, sa physionomie d'épais paysan et l'insolence de ses options politiques. Mais, à travers « Maître Courbet », ils raillaient aussi le public du Second Empire. En accusant le trait du « réalisme », de son initiateur et des contemporains qui l'observaient, des dessinateurs tels que Bertall, Cham, Daumier, Le Petit ou Nadar parvenaient à mettre à nu les ressorts cachés d'un moment charnière de l'histoire de l'art.
Cet ouvrage analyse l'imagerie satirique des organes de presse et, à travers elle, la perception collective de Courbet et de son oeuvre. En examinant cette somme d'illustrations, les auteurs du présent essai emploient donc un matériau original et longtemps jugé secondaire pour comprendre des phénomènes de réception. Ce sont les constructions - entre autres - d'un Courbet paysan, charlatan, prophète, chantre du laid et de la saleté. C'est encore la violente campagne contre son rôle de communard, « déboulonneur » de la colonne Vendôme : celle-là qui, en définitive, parvint bien à casser l'homme qui signa les Casseurs de pierres.
Ce livre entreprend de valoriser les singularités formelles et sémantiques d'images qui, au-delà de leur esprit, constituent des objets complexes et passionnants en matière d'esthétique et d'histoire culturelle. Jamais, depuis le volume de Charles Léger en 1920, une telle masse documentaire n'avait été rassemblée. Près de 200 caricatures, agrémentées de notes biographiques sur leurs auteurs, sont proposées au lecteur. Elles permettent de vérifier pleinement l'idée de Courbet - symbolique d'un savoir-faire médiatique tout moderne - selon laquelle son « masque appartient à tous ».
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