«Chaque jour, depuis deux ans, dans les procès Dreyfus, la caste
religieuse donne à la France et à l'Europe, la mesure de ses facultés éducatrices,
de sa moralité et de son audace. (...) Tout ce qu'il y a de sain et
de de vigoureux en France lui fait face. Le monstre sent son déclin et, ne
voulant pas mourir, se tord en des convulsions hideuses, entouré et soutenu
- jusqu'à peu de temps - par la tourbe régnante, complice. Et ce sont
eux !... Ce sont ces gens là ! qui, du fond de leur abjection, nous accusent
de n'avoir ni foi, ni base, ni morale !... Pauvres fous !... Nous avons 89 !
Contre leur Dieu barbare, l'Humanité et la Justice ! Contre leur hiérarchie,
l'Égalité. Pour base et mesure, l'Individu humain ! (...) Non que le passé
n'ait assez considéré les individus marquants. Il ne les choie que trop, au
contraire, et les magnifie jusqu'à s'en affoler. Mais seulement comme
exception à la règle ; comme un idéal magique, dans lequel il se plaît et se
mire ; et cela aux dépens des individus obscurs, pauvres ou souffrants,
qui sont la masse populaire, et qu'on jette en tas aux pieds de ces illustres
pour les hausser. La Révolution, dans son verbe large et magnifique dit :
tous les humains ! (...) Il faut reprendre le mot de Sieyès, où il ne s'agissait
que de bourgeoisie : l'être humain, l'individu n'est rien ; il doit être tout !»
Dans ce testament intellectuel et politique, l'écrivaine socialiste
André Léo (1824-1900) s'appuie sur le scandale de l'Affaire Dreyfus
pour lancer un ultime appel à l'émancipation individuelle et collective.
Son idéal révolutionnaire, ponctué par les réminiscences de 1789,
1848 et 1871, entre à plusieurs titres en résonance avec l'actualité du
XXIe siècle commençant.
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